Politique et administration
Dans toute l’Europe, la crise financière de 2008 a placé de nombreuses personnes dans une grande détresse financière. Ce n’est pas sans conséquence pour la cohésion de nos sociétés. Des chercheur·euse·s des Universités de Berne et de Lausanne ont montré que les difficultés financières affaiblissent l’engagement bénévole.
Résultat : les difficultés financières affaiblissent le bénévolat. D’une part, cela pourrait tenir au fait que les citoyennes et citoyens en situation financière difficile pratiquent moins souvent une activité bénévole en raison de la limitation de leurs ressources telles que le temps, l’argent ou les capacités. D’autre part, quand l’économie traverse une période défavorable, les individus ressentent une insécurité financière et travaillent plus durement pour conserver leur emploi au détriment de leur engagement au sein de la société.
« Les Pays-Bas sont les champions européens du bénévolat : près de 60% de la population effectuent des activités bénévoles. En Suisse, entre 25% et 30% de la population s’engagent bénévolement auprès d’associations, d’organisations ou d’administrations. »
L’étude montre également que l’ampleur du recul du bénévolat en période de crise est corrélée au niveau de formation : bien que les personnes possédant une bonne formation puissent également rencontrer des difficultés financières, elles souhaitent continuer à s’engager, car elles sont animées par des normes d’intérêt général ainsi que par des motivations altruistes, et non par l’attente de récompenses à venir. D’une manière générale, le niveau de formation individuel joue un rôle important dans le bénévolat : il renforce la sensibilisation aux problèmes sociaux et le sens de l’engagement citoyen. « La formation stimule la motivation à s’engager bénévolement pour des raisons liées aux valeurs », explique Markus Freitag.
L’inverse est également vrai : « Les bénévoles réagissent plus sensiblement aux difficultés financières lorsque leur niveau de formation est plus faible », précise Pirmin Bundi. Pour un pays, les investissements dans le système de formation pourraient donc être payants à long terme en préservant l’équilibre de la cohésion sociale dans les périodes économiques difficiles. Selon les auteurs, c’est d’autant plus important que le secteur de la formation subit souvent des mesures d’économie en période de crise économique.